Bonjour Antoine, comment allez-vous ce matin ? Combien de fois n’ai-je entendu cette question !
Très flatteur. Le DG, le PDG, bref le grand patron se préoccupe de ma santé. Quelle pensée amicale !
Euh, je vais très bien et vous…. Ah, ce n’est pas la bonne réponse… N’aurais-je pas compris la
question ?…
Au-delà des relations courtoises dans le monde du travail, lorsque un dirigeant d’entreprise interroge
son Directeur de la Trésorerie, pratiquement à tous les coups, il l’interroge sur la santé (financière)
de l’entreprise. Bref sa santé personnelle n’est que rarement au premier plan de sa préoccupation.
La réponse est certainement : « Je me porte très bien, mais la santé de l’entreprise passe avant moi
et je suis très confiant quant à nos capacités financières à gérer sereinement les enjeux à court et
moyen terme ». Bon, là je reste généraliste…
Eh oui, le vrai sujet de la question concerne la santé financière de l’entreprise. En deux mots : le
risque de liquidité (ou pour bien le nommer : le risque d’illiquidité).
Et tous les grands dirigeants d’entreprises le savent : « autant un homme finit toujours par mourir
d’un arrêt du cœur (stoppant la circulation du sang dans son corps), autant une entreprise finit aussi
par mourir d’un arrêt de sa trésorerie (stoppant le refinancement de ses activités) »… Et ceux qui ne
le sauraient pas (et il en existent), risquent de l’apprendre brutalement à leurs dépens et, surtout,
aux dépens de l’entreprise qu’ils dirigent.
Est-ce que la réponse du Trésorier est aussi simple qu’il n’y parait ?
« Tout va très bien Monsieur le Président ! » C’est peut-être un peu court…
Peut-être faudrait-il disposer de critères plus concrets : Niveau d’endettement financier net
comparer à l’Ebitda prévisionnel, marge de manœuvre des financements confirmés et non tirés,
profondeur des marchés de capitaux obligataires et monétaires, lien avec la notation du risque
crédit, évolution des taux d’intérêt et coût de la dette, etc… bref que des concepts compliqués
agrémentés d’un jargon technique.
En fait la réponse passe par une analyse complexe qui doit permettre au trésorier, en conscience, de
répondre avec un très grand degré de certitude que le risque de liquidité est géré, c’est-à-dire
inexistant sur l’horizon de gestion (généralement le plan à 3 ou 5 ans).
Très souvent, il m’a fallu faire preuve de pédagogie pour expliquer les principaux critères de gestion
du risque de liquidité. C’est presque à tous les coups, un travail à réaliser aux deux ou trois étages de
sa hiérarchie. D’abord bien s’aligner avec son Directeur Financier, savoir entrer dans le bon niveau de
détail, mais pas trop. Ensuite avec le Directeur Général, idéalement avec le même niveau de détail et
enfin, éduquer et rassurer le Board des actionnaires sur ces sujets, notamment lorsque l’entreprise
dispose de notations de crédit auprès d’agences de rating.
Tout un programme que le Directeur de la Trésorerie se doit de réaliser, tant pour lui-même et que
pour ses patrons…